Michelyn Camen est rédactrice en chef, éditrice et directrice artistique de ÇaFleureBon, l’un des cinq principaux sites de parfums mondiaux. ÇaFleureBon publie du contenu sur tous les aspects de la parfumerie, 365 jours par an, offrant aux lecteurs une vision privilégiée du monde de la parfumerie. Michelyn dirige une équipe de seize contributeurs et éditeurs de sept pays différents. L’équipe de journalistes de ÇaFleureBon a reçu de nombreux prix d’excellence éditoriale, dont celui de la Fragrance Foundation USA et des Perfume Plumes.
ÇaFleureBon publie des critiques de parfums, des reportages sur les événements internationaux de beauté et de parfum, des actualités de l’industrie de la parfumerie, des informations pédagogiques sur les matières premières et les ingrédients, des ateliers, ainsi que des articles sur les rôles des directeurs de création et des artisans dans l’écosystème des parfums. Elle est bien connue pour ses entretiens approfondis et intimes avec des parfumeurs et influenceurs indépendants, qu’ils soient émergents ou au contraire déjà bien établis.
Quelle question vous pose-t-on le plus souvent ?
Comment prononcez-vous le nom du site? Sah-fleure-bon. C’est un terme français à double sens; ça sent bon et c’est une bonne idée.
Portez-vous du parfum tous les jours ?
La réponse va vous surprendre. Jusqu’en 2020 : NON. Je teste environ 500 parfums par an, j’ai donc besoin d’une «toile vierge». Mais je portais du rouge à lèvres tous les jours par exemple. Depuis le COVID-19, je porte du parfum le matin et le soir pour tester l’anosmie.
Quels ont été vos premiers souvenirs parfumés ?
J’ai grandi dans un appartement de 2 chambres à Brooklyn, New York, situé à un sous-sol. Mon père était très jeune quand je suis née et a dû cumuler deux emplois pour pouvoir se payer des études supérieures et subvenir aux besoins de la famille. Son travail de jour consistait à vendre des fruits dans une épicerie locale. Il y avait toujours des produits frais à la maison… Je me souviens du parfum, du goût des pêches, des prunes et des cerises. Dehors, il y avait le parfum enivrant de tilleul et de lilas pendant l’été, qui pourtant semblait fleuri en béton..
Quel a été le tout premier parfum que vous avez acheté ?
Rive Gauche de Michael Hy dans les années 1970. Je l’ai acheté parce qu’il me faisait penser à mon meilleur ami. Le premier parfum « indépendant » que j’ai acheté était chez Henri Bendel, quand il était situé sur la 57 ème rue (il a ensuite déménagé sur la Cinquième Avenue puis a fermé définitivement le 19 janvier 2019). Le parfum était du maître parfumeur Jean Laporte pour L’Artisan Parfumeur et était nommé Pamplemousse. Il a été arrêté, mais j’ai toujours le flacon et une trace de l’odeur reste.
Que signifie le parfum pour vous ?
Permettez-moi de répondre à votre question sous un angle différent. Quel parfum NE signifie PAS pour moi. Cela ne signifie pas des séries interminables de best-sellers; cela ne signifie pas le lancement de nouvelles collections. Le parfum est une histoire. C’est l’histoire du parfumeur d’abord, puis si cela vous convient, elle devient la vôtre. Nous avons chacun une impression parfumée aussi unique qu’un flocon de neige. Donc, ce qui est le paradis pour une personne, pourrait être un épurateur pour une autre. (re: Rive Gauche qui sentait bon mon ami).
Comment avez-vous découvert Le Jardin Retrouvé?
Michel Gutsatz et sa femme Clara Feder m’ont envoyé des échantillons en 2016. Je crois que nous avons été parmi les premiers à examiner la collection inaugurale. J’ai demandé à Aaron Potterman, qui était senior et qui adorait cette première collection. Mon préféré s’appelait Black. Je crois qu’il s’appelle maintenant Oriental Sans Souci.
A votre avis que doit faire l’industrie du parfum à l’avenir?
Plus de transparence, plus de diversité et plus d’éducation des consommateurs. Et merci de créditer les auteurs des parfums au lieu de vous cacher derrière un orgue à parfum.
Et l’avenir pour ÇaFleureBon?
Le dixième anniversaire de ÇaFleureBon a eu lieu le 22 mars 2020 en pleine pandémie. Bien que nous ne sachions pas ce que l’avenir nous réserve, nous espérons continuer à proposer chaque jour à nos lecteurs et téléspectateurs des contenus écrits et vidéo innovants. Surtout, soyons toujours fidèle à notre mission: explorer tous les aspects de l’olfactif à travers une lentille artistique.
La photo principale représente Michelyn à Exsence 2019, tenant DSH Perfumes Colorado de Dawn Spencer Hurwitz (qui a remporté un prix d’art et d’olfaction), crédit photo Jeffrey Paul.